Il periodico
Dopo una laboriosa (e avventurosa) preparazione, a ottobre 2009 esce il
numero zero di www.possibilia.eu periodico online per curiosi. Una realizzazione
che riflette l'orizzonte libero e senza preconcetti della nostra linea editoriale.
Da subito, un gruppo di autori aderisce al progetto, alcuni dei quali formano
il nucleo redazionale più stabile.
Possibilia si non si propone di fare informazione in senso stretto: tante
altre testate più veloci e attrezzate ricoprono già questo ruolo. La nostra
rivista desidera offrire ai suoi lettori contenuti insoliti, dando diritto
di cittadinanza a temi o chiavi di lettura spesso trascurati o snobbati.
Un periodico generalista a 360 gradi? Solo in parte. Possibilia non funziona
per compartimenti tematici, ma per modalità di approccio alla materia. Accoglie
così una sezione per Dilettarsi, una per Pensare e una per Sorridere. Si
aggiungono una sezione di News - la sezione “d'attualità” della testata
- e una sezione destinata ai Pubbliredazionali, con lo scrupolo di mantenere
eticamente distinti contenuti commerciali e redazionali, valorizzando così
entrambi.
Con la nuova versione della rivista, inaugurata nel 2012, abbiamo deciso
di aggiungere una sezione (le Rubrilie) dedicata alle nostre passioni: il
vino, il rugby e il viaggio.
Contatta la redazione: redazione@possibilia.eu
I libri
Nel 2010, gli esiti incoraggianti della rivista e il desiderio di ampliare
il progetto editoriale dànno vita alla parte cartacea della nostra attività.
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foto di Samuel Cogliati |
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Les moeurs qui
changent Le temps de la
bienveillance " Bonne fin
d'après midi ". Pour la précision. par
Patrick Delmas |
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Autrefois dans le onzième arrondissement de Paris, on se contentait
de « bonjour-bonsoir » et « salut-ça va ?». Il n'en fallait pas plus
pour maintenir le lien social avec les voisins, les connaissances,
les commerçants, tous ceux qu'on croisait et qui ne nous étaient pas
des inconnus, sans être non plus des proches. Au nouvel an, un rapide
« bonne année ! » (déjà une épreuve. J'étais de ceux qui rasaient
les murs tout le mois de janvier), « bonnes vacances » aux enfants,
le cas échéant et c'était à peu près tout en matière de souhaits.
Jamais on n'entendait comme aujourd'hui en revenant de vacances, l'accablant
et assez pervers : « bonne rentrée ! ».
Peu à peu sont apparus les désormais standards et enthousiastes :
« bonne semaine ! » et « bon week-end ! ». Si l'on excepte « bon mois
! » qui est inusité, probablement parce qu'il sonne assez mal, tout
un éventail de souhaits, dans la dernière décennie, s'est banalisé
pour soutenir nos existences plus dures à supporter, semble-t-il,
qu'hier. Les souhaits font désormais dans le détail et se glissent
obstinément dans les interstices du temps qui passe. « Bonne journée
» devient inévitable lors d'un croisement sur le trottoir. Plus insistant,
il s'additionne au rudimentaire « bonjour » qu'il redouble en visant
la précision dans la durée. Certains jours de la semaine sont particulièrement
ciblés : « bon lundi !»... un jour qui, c'est vrai, a besoin d'encouragement.
« Bon dimanche ! » est pertinent lui aussi pour accompagner la journée
officielle de l'ennui, mais il fonctionne d'ailleurs aussi bien pour
une journée qui menace de devenir un jour ordinaire de travail.
C'est quand les souhaits en arrivent à saucissonner la journée elle-même
qu'on constate une dérive obsessionnelle dans la bienveillance de
ceux qu'on croise. On a vu apparaître les « bonne matinée », « bon
après-midi » et le « bonne soirée » qui se décline lui-même en « bonne
fin de soirée », souvent employé de manière impropre quand la nuit
s'achève et qu'on devrait être au lit depuis des heures. « Bon début
de soirée » existe, mais il est plus rare, car il entre en conflit
avec le fréquent « bonne fin d'après-midi », dans un espace sémantique
qui devient exigu.
Dans les commerces, c'est l'affolement. En particulier dans les restaurants
où l'accompagnement verbal du service devient un signe de qualité
(souvent le seul). Le minimum et désuet « bon appétit » a explosé
en un déchaînement de fioritures auxquelles on répond par un sourire
gêné. « Bon commencement », « bonne continuation », « bonne dégustation
» (là, on a le verre levé) et l'inattendu « bonne fin d'appétit »,
quand visiblement on cale sur le dessert.
On pourra toujours dire que les signifiants passent et que le signifié
dure. Et que le célèbre : « en vous remerciant et je vous souhaite
un bon dimanche » de la boulangère, quand on sort de la boutique la
baguette sous le bras, ne dit peut-être rien d'autre que le basique
« au revoir, merci ».
Ou bien, après qu'on ait inventé « l'incivilité » et qu'on se soit
lamenté sur cette gangrène qui menace la « socialité », on assiste
enfin aux effets tangibles d'un Grenelle de la Politesse qui se serait
tenu en cachette...
Mais il y a autre chose et, pour revenir sur la boulangère, je me
demande si ça n'est pas elle qui détient la clé de ce glissement étonnant
des formules de la vie quotidienne. Quand quelqu'un me lance « bonne
fin de journée ! », je pense immanquablement à elle... et à travers
elle, je vois aussi les « agents commerciaux » de chez Darty, place
de la République, et aussi les esclaves du télémarketing dans leurs
sous-sols aux quatre coins du monde, qui me réveillent à huit heures
du matin, incroyablement civils avec leur prénom d'emprunt, déjà épuisés
de rabâcher la même formule de politesse...
Si ça n'est pas qu'une hallucination, comment se fait-il, quand nous
croisons un voisin, que nous adoptions sans sourciller les codes du
« relationnel », moteur et essence de la « relation-client », nous
qui n'avons rien à lui vendre ?… Sinon, peut-être, une apparence acceptable,
une attestation de bonne conduite sociale, la garantie que nous sommes
« de bon commerce », comme on disait autrefois sans imaginer ce qui
se préparait ?
Si les relations commerciales sont en train de travailler la relation
tout court, en la vidant de toute cordialité pour installer insidieusement
un glacis relationnel sous une apparence de bienveillance généralisée...
on doit s'attendre à tout. Personnellement, l'âge venant, il y a une
chose que je redoute et qui, au train où vont les choses, finira par
arriver. Un jour, de l'autre côté de la rue, un habitant du quartier
me fera un salut amical et me criera : « bonne fin de vie ! ».
Patrick Delmas, études de philosophie, est
enseignant-chercheur à l’université Paris XIII depuis les années
80, il a d’abord été impliqué dans les recherches pédagogiques de
la formation des adultes. Puis, avec le développement de l’informatique,
il s’est spécialisé dans le multimédia et la sémiologie de l’image.
Parallèlement, et depuis une vingtaine d’années, il collabore à
l’écriture de scénarios pour des séries télé populaires |
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